Comment choisir sa souche d’abeilles ? S’il existait une solution universelle, tous l’adopteraient ! Mais les faits, l’abeille douce, hyper productive, qui n’essaime pas, résiste au froid, aux maladies et aux parasites est idyllique ! D’ailleurs, pourquoi rechercher à tout prix la perfection ? MaMiellerie vous aide à choisir l’abeille qui correspond le mieux à la pratique de l’apiculture que vous souhaitez mener.
6 critères de choix pour votre essaim d’abeilles
S’il y a bien une règle à respecter, c’est celle de toujours sélectionner une souche d’abeilles adaptée au climat de votre région. Pour le reste, tout est affaire de compromis. L’abeille mellifère parfaite à tous niveaux n’existe pas, mais elle peut le devenir à vos yeux !
Découvrez le podium des 6 meilleures capacités des abeilles domestiques les plus utilisées en apiculture.
Le développement du cheptel
Si avoir une jeune reine féconde est important pour assurer une belle ponte, le rôle des ouvrières n’est jamais à sous-estimer ! Avez-vous déjà envisagé la solution d’élevage de reines fécondées par insémination ? L’origine des mâles (faux bourdons) ayant été finement sélectionnée, vous évitez ainsi tout risque de consanguinité, source de maladies et de mortalité.
D’autre part, pour maintenir la vitalité de vos abeilles ouvrières, il faudra faire appel à votre vigilance lors de vos visites au rucher. La bonne pratique consiste à peser vos ruches pour vérifier que vos colonies d’abeilles soient bien actives, qu’elles produisent suffisamment de nectar, de miel et de pollen. Contrôlez toujours également le couvain et apportez du nourrissement si nécessaire.

L’abeille italienne est reconnue pour son développement rapide, notamment au printemps. L’abeille Buckfast est très prolifique, elle produit beaucoup de couvain. L’abeille Carnica a une croissance très régulière, dès le début de la saison apicole. Quant à l’Apis mellifera mellifera dite « Abeille noire », elle est plutôt mauvaise éleveuse de reines et a une petite tendance à la dérive.
La production de miel
Si vous souhaitez commercialiser les produits de la ruche, notamment le miel, le pollen, la gelée royale et la propolis, il paraît évident que la productivité de vos abeilles est un point important. Certaines espèces, comme l’abeille italienne ou l’abeille Buckfast, produisent plus que d’autres.
Il est à noter que malgré leur capacité d’adaptation, le rendement de production des abeilles varie selon la richesse de la flore mellifère (et du type de culture) environnante. Le climat et la géographie de votre région ont aussi un impact sur votre récolte de miel.

Les abeilles italiennes et Buckfast produisent du miel en abondance, mais elles en consomment beaucoup également, notamment lors de l’hivernage. L’abeille noire commence sa production un peu plus tard en saison, mais permet d’obtenir des récoltes tardives. C’est d’ailleurs une excellente gestionnaire en réserves de nourriture ! La Carnica est une abeille pilleuse en période de disette.
La qualité hygiénique de la ruche
Les abeilles, étant dépourvues de système immunitaire, ont développé une aptitude forte pour le nettoyage et l’aseptisation. À l’intérieur d’une ruche, la propreté est généralement impeccable ! Les moindres interstices, source de froid et de nuisances, sont bouchés à l’aide de la propolis qu’elles récoltent.
Néanmoins, force est de constater que la pression parasitaire (loque, varroa, etc.), bactériologique et de prédation est de plus en plus présente. Certaines abeilles sont plus résistantes aux maladies du couvain (nosémose, etc.). D’autres parviennent à se débarrasser de leurs assaillants comme les abeilles VSH (Varroa Sensitive Hygiene) ou encore comme les abeilles asiatiques (Cerana, par exemple) contre le frelon asiatique ou le frelon oriental.
Bon à savoir !
Certains signes ne trompent pas ! Pensez à toujours contrôler la qualité du couvain qui doit être resserré (pas de mosaïque ni de couvain plâtré) et à vérifier le bon état de santé de vos abeilles (comptabilisation des varroas, pas d’ailes déformées, etc.).

La Carnica a une bonne résistance au froid de l’hiver et elle est peu sensible aux maladies du couvain. En revanche, elle craint la nosémose et l’acariose, tout comme la Caucasienne. La Buckfast est robuste, mais sa capacité à survivre en hiver est variable d’une colonie à l’autre. L’abeille noire, du fait de sa rusticité, a une bonne longévité. Mais, elle est sujette aux mycoses et aux attaques de varroas. Son comportement hygiénique est en effet moins développé.
L’essaimage
L’essaimage est un comportement naturel de l’abeille domestique et de l’abeille sauvage. C’est leur façon d’assurer la survie de la colonie, en se démultipliant en dehors de leur nid natal ! Il est difficile de vouloir totalement effacer ce phénomène qui est génétique. Toutefois, il est certain également que l’essaimage représente une perte pour l’apiculteur, tant sur la production de miel que sur la population qui baisse de moitié ! Notre article sur l’essaimage vous préparera à cette situation.

Les abeilles Carnica et caucasiennes sont très essaimeuses ! La Buckfast l’est également un peu. La tendance à l’essaimage est faible pour l’abeille noire, mais cela peut varier en fonction des régions.
La tenue au cadre
Cela peut paraître anodin, mais une bonne tenue de vos abeilles sur les cadres vous permet de travailler en toute confiance et de manière plus agréable. Par exemple, il est souvent reproché aux abeilles noires d’être assez nerveuses à la différence des abeilles italiennes ou des Carnica. Cette agitation permanente de l’essaim sur le couvain complique aussi la recherche de la reine.

L’abeille caucasienne a la réputation de bien tenir au cadre, tout comme l’abeille Buckfast. À l’inverse, l’abeille noire est plutôt mauvaise élève et tient difficilement, même en présence de fumée.
La docilité de l’abeille
L’agressivité de certaines souches d’abeille rend les visites et la manipulation des cadres très délicates. Attention aux risques de piqûres ! En revanche, une abeille docile limite l’usage de la fumée, dont l’usage en excès présente en imprègne le miel.
L’Apis Dorsata, qui est une « abeille géante » en Inde, est connue pour être très agressive ! L’abeille noire, qui est la race emblématique française, a tendance à l’être également. C’est pourquoi de nombreux apiculteurs privilégient désormais des abeilles plus douces.

L’abeille italienne est reconnue pour son extrême docilité. C’est aussi l’une des grandes qualités de l’abeille Carnica. L’abeille noire est généralement plus agressive, nerveuse et craintive. Toutefois, ce comportement peut être minimisé en sélectionnant une souche de qualité provenant d’un éleveur professionnel.
Comment trouver un éleveur d’essaims et de reines ?
Faut-il préserver l’abeille locale ou au contraire faut-il choisir une espèce métissée ? 2 écoles semblent s’opposer ! Certains puristes à l’image du Conservatoire de l’abeille noire bretonne de l’île d’Ouessant et certains ruchers-écoles sont de fervents défenseurs de l’Apis Mellifera Mellifera. D’autres prônent les atouts multiples qu’offrent les abeilles Buckfast.
Une chose est certaine, le croisement d’abeilles locales avec des races étrangères lors de l’essaimage contribue à modifier leur génétique. Il devient alors compliqué de connaître les avantages et les inconvénients de chaque hybridation involontaire. Le risque est évidemment que la dégénérescence de l’abeille la conduise à sa perte !
La solution ? Acheter vos essaims auprès d’éleveurs-sélectionneurs dans l’idée d’obtenir la colonie la plus forte et la plus pure possible.
Les conseils de Ma Miellerie pour bien choisir votre éleveur
Se procurer des essaims et une reine par un éleveur nécessite quelques précautions :
- Interroger les apiculteurs voisins pour savoir avec quelle race ils travaillent.
- Respecter les règles d’importation des abeilles depuis l’étranger pour éviter d’introduire accidentellement des parasites (Aethina Tumida, par exemple).
- Commander vos essaims suffisamment tôt, au plus tard en hiver, pour les obtenir en avril et commencer immédiatement votre production de miel. Pensez à les réserver sur 5 cadres (2 cadres de couvain, 2 cadres de réserve miel et pollen et 1 cadre de construction).
- Acheter auprès d’un éleveur local pour limiter le transport.
- S’adresser à un apiculteur-éleveur reconnu. Vous pouvez consulter l’annuaire d’élevage très complet de l’association Anercea.
Comment garantir à vos abeilles de bonnes conditions de transport ?
Le trajet doit être bien préparé en sanglant la ruchette de transport pour éviter les chocs. Surélevez-la (avec des tasseaux de bois, par exemple) pour permettre une bonne aération et éviter le risque de surchauffe et d’étouffement. Optez pour une conduite lente et prudente, notamment au niveau des ralentisseurs. Une fois de retour au rucher, placez la ruchette à l’endroit choisi pour son emplacement définitif, mais n’ouvrez pas immédiatement la ruchette. Il faut laisser quelques minutes à vos abeilles afin qu’elles se calment. Ouvrez ensuite pour qu’elles s’acclimatent et qu’elles s’approprient les lieux.
Enfin, il ne vous restera plus qu’à transvaser avec précaution les cadres dans votre ruche mère et à débuter votre apiculture !