Bien préparer l’hivernage de ses ruches : un indispensable !

Hivernage des ruches

Pour l’hivernage de vos ruches, mettez toutes les chances de votre côté ! Si d’instinct, les abeilles savent s’y préparer, vous pouvez également les aider à passer l’hiver plus sereinement. Car, il s’agit effectivement d’une période de l’année où la colonie tout entière est mise à rude épreuve ! Vos essaims ne devront pas manquer de provisions, ne pas ressentir le froid et ne pas être à la merci des prédateurs. Comment préparer l’hivernage de ses ruches ? Tout ce dont vous devez connaître est dans cet article.

Qu’est-ce que l’hivernage ?

Les journées se raccourcissent, la température extérieure baisse et le froid s’installe durablement. Bien avant l’apparition des premières gelées, vos colonies d’abeilles vont progressivement adapter leur rythme de vie. L’arrivée de la saison froide marque en effet la fin de la floraison de la plupart des plantes mellifères. Privées du nectar des fleurs et du pollen, les ouvrières ne pourront plus réapprovisionner les cadres de provisions de nourriture ni nourrir les larves du couvain. Leur seul objectif sera alors d’assurer leur survie, et celle de la reine, tout au long de l’hiver.

Ainsi, l’hivernage marque cette période de fort ralentissement de l’activité des abeilles, où l’ensemble des efforts de la colonie est concentré dans le maintien de la ruche à bonne température !

Comment les abeilles se préparent-elles à l’hivernage ?

À la différence des abeilles sauvages (ou « abeilles solitaires ») qui hibernent, les abeilles domestiques hivernent. Si ces deux mots semblent assez proches, ils sont fondamentalement différents ! En effet, l’hibernation consiste pour l’abeille solitaire à s’abriter au chaud, à réguler sa température et à attendre en puisant sur ses réserves pour survivre aux températures hivernales. Pendant toute la saison, elle restera inactive.

En revanche, pour l’abeille domestique, habituée à vivre en communauté, le fonctionnement est tout autre ! L’hivernage est un acte collectif et anticipé dès la fin de l’été par l’ensemble de la population, excepté pour les mâles voués à un destin plus tragique !

Préparation hivernage par l'apiculteur
La surveillance des ruches par l’apiculteur en hiver

L’activité des butineuses et des ouvrières

Bruyère, callune, lierre, trèfle… les abeilles cherchent à exploiter au maximum tout le potentiel mellifère que la nature leur offre en automne. Toutefois, les nouvelles ressources à collecter à moins de 3 km de la ruche se font de plus en plus rares ! De septembre à octobre, selon les régions, l’activité des butineuses va progressivement se réduire, jusqu’à s’arrêter totalement à partir de novembre.

La saison hivernale commence alors, et les abeilles ne ressortiront plus que pour effectuer leur vol de propreté. À partir de décembre, la colonie passera la majeure partie de son temps en « grappe », c’est-à-dire en groupe resserré autour de la reine. Les ouvrières contractent leurs muscles thoraciques pour réguler la température intérieure de la ruche et dégager ainsi de la chaleur. Dans l’attente des beaux jours de printemps, toutes les abeilles minimisent leurs déplacements pour économiser un maximum de miel et de provisions.

Bon à savoir !

Plus il fait froid, plus les abeilles se regroupent. C’est ainsi qu’elles maintiennent la chaleur de la ruche et limitent les courants d’air. Les abeilles situées en périphérie, et donc plus exposées aux variations de température, entrent ensuite au centre de la grappe pour se réchauffer. En l’absence de couvain, la température au cœur de cette grappe ne doit pas descendre en dessous de 13 °C. Dans la réalité, les colonies d’abeilles parviennent généralement à la maintenir autour de 20 à 25 °C (1).

La ponte automnale de la reine : la naissance des abeilles d’hiver

La reine, qui a volontairement limité la quantité de couvain de juillet à août, reprend sa ponte pour assurer le repeuplement progressif de la ruche en abeilles d’hiver. Hormis le fait que ces larves ne naissent pas à la même période de l’année, leur physiologie est également différente de celle des abeilles de printemps ! Les abeilles d’hiver sont en effet capables de vivre jusqu’à 6 mois (variable selon les régions), contre à peine 3 semaines en moyenne pour une ouvrière de printemps. Cela s’explique en partie par leur corps gras qui est très développé, ce qui leur confère une meilleure résistance et une énergie décuplée.

Les abeilles d’hiver ont également naturellement peu d’appétence pour le butinage. À partir de début octobre, la reine réduit à nouveau sa ponte pour l’arrêter totalement en décembre.

Que deviennent les faux bourdons avant l’hivernage ?

Les mâles des abeilles, les faux bourdons, ont une vie éphémère ! Leur seule mission étant de féconder les jeunes reines vierges, ils sont tolérés dans la colonie tant que les réserves en miel sont abondantes. Mais dès la fin de l’été et avant que les provisions ne diminuent trop fortement, ils sont chassés par les ouvrières en dehors de la ruche, à coup de morsures de mandibules. Aucun faux bourdon ne survivra à l’hiver !

Le travail de l’apiculteur pour préparer l’hivernage

Après la dernière récolte de miel, la saison apicole prend fin ! L’activité d’automne de l’apiculteur devient alors moins soutenue. Toutefois, le travail ne s’arrête pas là, car pour garantir de bonnes conditions d’hivernage à vos abeilles, certaines opérations doivent être anticipées !

Le traitement anti-varroa

Alors que la reine a limité sa ponte, le varroa, lui, a poursuivi son développement tout l’été. Il se retrouve parfois même en surnombre au sein de vos colonies d’abeilles. Procédez rapidement au comptage des varroas présents (méthode du lange de détection) pour évaluer la gravité de la situation. Pour que vos essaims puissent hiverner et survivre, vous devez traiter efficacement vos ruches contre le varroa, et cela dès la récolte de vos dernières hausses de miel !

En cas d’infestation importante, une bithérapie est l’option qui donne les meilleurs résultats :

  • Un 1er traitement à la fin de la période de miellée à base de thymol ou d’amitraze en lanières, par exemple, pour limiter la prolifération du varroa ;
  • Un 2traitement si nécessaire à l’acide oxalique, pour réduire la quantité de varroas restant avant l’hivernage.

Avant la fin de l’automne, moins de 1 varroa par jour doit être présent dans votre ruche pour assurer la survie de la colonie.

La protection des ruches contre les nuisibles

Pic-vert
Le pic-vert, redoutable prédateur pour l’abeille pendant l’hivernage (source PIXABAY-JCLeroi)

De la fin de l’été au début de l’automne, le frelon asiatique est en quête de protéines pour nourrir ses larves. Parmi ses victimes, 2/3 sont des abeilles ! Face à cette espèce devenue invasive, savez-vous comment lutter contre le frelon asiatique ? Là encore, il ne faut pas attendre la période d’hivernage avant d’agir ! Selon l’importance des attaques, il vous faudra installer des pièges au printemps ou à la fin de l’été.

Pour vous protéger contre les intrusions des prédateurs (frelons asiatiques, ours, martre ou blaireau), mais aussi des rongeurs (souris, musaraignes, etc.), pensez à placer des réducteurs d’entrée sur vos ruches. Choisissez un équipement métallique et fixez-le solidement. Par ailleurs, vérifiez toujours au préalable qu’aucun faux bourdon ne soit encore présent au sein de votre colonie.

Attention !

Un autre prédateur insoupçonné peut causer de sérieux dommages à vos ruches en bois. Il s’agit du pic-vert ! Cet oiseau est capable de détecter très rapidement le point faible de votre ruche (une épaisseur moindre, partie localement fragilisée, etc.) et d’y percer un trou. Pour le dissuader, peu de solutions existent. Il vous faudra soit placer un filet au-dessus et autour de vos ruches, soit fixer des plaques métalliques sur chaque côté.

La pesée des ruches et la création de colonies fortes

Vos abeilles ne doivent jamais manquer de nourriture ! Dès la fin de l’été, il est important de vous assurer que votre colonie dispose de suffisamment de réserves. Ainsi, vous devez contrôler que chaque corps de ruche contienne entre 15 et 18 kg de miel. Si la température extérieure n’est pas trop basse, vous pouvez analyser vos cadres, mais cette opération ne pourra plus être réalisée pendant l’hivernage à cause du froid.

En septembre, il faut également vérifier la qualité de la ponte de la reine. Si celle-ci est insuffisante, ajoutez du nourrissement (sirop 50/50) pour la stimuler. Si elle est irrégulière, c’est peut-être parce que votre reine est trop âgée ou déficiente. L’apiculteur prévoyant aura préalablement pensé à élever ses reines ou à se procurer une nouvelle reine fécondée pour la remplacer.

Pour assurer un suivi régulier sans perturber vos abeilles ni les exposer au froid, vous pouvez peser vos ruches à l’aide d’un peson. Il vous suffit alors de soupeser la ruche par l’arrière sans le toit et de multiplier le résultat par 2. Vous devez ainsi obtenir 35 kg pour une ruche de type ruche Dadant (10 cadres) et de 18 à 20 kg pour une ruchette (6 cadres). Pour chaque cadre retiré (espace laissé vide), déduisez 4 kg. En fonction du poids obtenu, rajoutez du nourrissement.

Il est désormais possible de suivre l’évolution de vos ruches sans vous déplacer ! En les équipant d’une balance connectée, vous lisez en temps réel leur poids et contrôlez ainsi facilement l’état des réserves de vos abeilles.

Attention !

Il n’est pas conseillé de nourrir en sirop les abeilles pendant l’hiver. Le sirop exige en effet une intervention des abeilles pour évacuer l’excédent d’eau. L’idéal est donc d’anticiper le nourrissement dès le mois d’août. À partir de février, parfois avant selon les régions et le climat, il vous sera possible de leur fournir du pain de candi que les ouvrières n’auront pas à transformer en miel.

Nourissement
Nourrissement d’automne pour stimuler la ponte de la reine

L’organisation du rucher avant l’hiver

Chacune de vos ruches doit être préparée pour affronter le froid et attendre ainsi patiemment l’arrivée du printemps :

  1. Posez des grilles d’entrée pour éviter les intrusions et le pillage, si vous ne l’aviez pas encore fait ;
  2. Regroupez vos essaims et constituez des colonies fortes ;
  3. Réduisez l’espace intérieur de manière à concentrer vos abeilles au centre de la ruche. Utilisez de préférence des partitions isolées recouvertes d’un film en aluminium pour mieux renvoyer la chaleur ;
  4. Rassemblez vos ruches dans un endroit exposé au soleil et à l’abri du vent. Surélevez-les d’au moins 40 cm du sol pour éviter l’humidité et inclinez-les légèrement pour évacuer la condensation ;
  5. Placez un isolant thermique sous le toit de la ruche et posez une pierre sur le dessus pour le maintenir parfaitement fermé en cas de vent ;
  6. Déposez les vieux cadres, les fondre pour récupérer la cire, les nettoyer et les désinfecter pour pouvoir les réutiliser en toute sécurité ;
  7. Procédez à un nettoyage régulier (pas de feuille ou de neige devant les ouvertures, taillez les arbres qui font de l’ombre, débroussaillez, plantez des fleurs mellifères, etc.).

(1) Source : « Le traité Rustica de l’apiculture ».

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