Depuis plus de 80 000 ans, les abeilles vivent au côté de l’homme. Bien qu’elles aient survécu aux périodes glaciaires et aux bouleversements climatiques, elles sont désormais en danger ! Pesticides, menaces du frelon asiatique et des espèces invasives, aléas climatiques, baisse du potentiel mellifère… les raisons de leurs difficultés sont nombreuses. Alors, à l’approche de Noël, que diriez-vous de les aider en plaçant une ruche sous le sapin ? Ainsi, offrez-leur le gîte et le couvert !
Un retour aux sources, au plus proche de la nature !
Offrir une ruche n’est pas un cadeau ordinaire. L’accepter, c’est s’engager sur la durée ! Car, une fois peuplée, votre colonie d’abeilles aura besoin de vous pour prospérer. Ce n’est donc pas le type de présent que vous pouvez échanger s’il venait à ne pas convenir ! En réalité, c’est comme adopter un chat ou un chien : vous devez vous en occuper, le nourrir et le soigner.
Toutefois, si vous relevez ce défi, il y a fort à parier que cette nouvelle expérience vous transcende. Parmi les apiculteurs amateurs et professionnels, bon nombre d’entre eux sont des passionnés, et vous allez vite comprendre pourquoi ! En effet, vous vous apprêtez à devenir un véritable acteur du changement. Plus que jamais, vous allez œuvrer pour la défense de la nature !
D’autre part, vous serez surpris par le mode de vie de votre communauté d’abeilles. Tout ce qu’elles confectionnent est bon pour nous et pour la planète. Au passage, connaissez-vous les bienfaits de l’apithérapie ? Aujourd’hui, vous avez reçu une ruche en cadeau, mais ce sera bientôt à votre tour de répandre la magie de Noël auprès de vos amis et de votre famille ! Miel, propolis, pollen, gelée royale… Sentez-vous la bonne odeur du pain d’épices ? Parvenez-vous à vous imaginer dans la confection de bougies avec vos enfants, à partir de la cire de vos abeilles ?
Un regard nouveau sur le monde

En pratiquant l’apiculture, vous vivez au rythme des saisons. Comme la majorité des opérations apicoles s’effectue en fonction des floraisons et de la météo, vous allez entretenir un lien particulier avec la nature.
Si l’emplacement pour accueillir votre ruche est votre jardin, votre premier réflexe sera probablement de l’agrémenter de fleurs mellifères, de plantes potagères ou d’arbres fruitiers. Avec l’aide des abeilles et de leur pollinisation, vous obtiendrez de plus beaux légumes et des fruits plus succulents ! Vous apprécierez certainement également d’aller à la découverte de la faune sauvage et des cultures environnantes. C’est ainsi que vous garantirez à vos jeunes abeilles une source proche et abondante de nectar et de pollen.
Finalement, voyez plutôt ce cadeau comme une bénédiction ! Les visites au rucher ne sont pas si nombreuses : en moyenne, 1 par semaine suffit de mars à juillet, et moins encore les mois d’après. Ce qui peut être perçu comme une contrainte au départ deviendra vite un acte épanouissant, naturel et logique. Car, au contact de vos abeilles, vous vous sentirez bien. Laissez la passion vous envahir ! Bienvenue dans le monde merveilleux de l’apiculture.
Vos premiers pas avec votre ruche
Vous n’avez pas besoin d’être un expert pour devenir apiculteur. Toutefois, l’univers des abeilles est vaste, et certains enseignements ne s’improvisent pas ! Pour débuter sereinement votre activité apicole, il est indispensable de vous former, de rencontrer des professionnels et de vous constituer un réseau solide que vous pourrez consulter à tout moment !
MaMiellerie vous propose des « kits-ruchers » pour ne rien oublier au moment de vous lancer !
La formation et les ruchers-écoles
Suivre des cours en rucher-école est certainement l’une des méthodes les plus ludiques pour apprendre tous les aspects théoriques et techniques du métier d’apiculteur. Ces stages, souvent réalisés le week-end sur 1 ou 2 jours, conviennent pour tous publics et pour tous niveaux :
- Les débutants obtiennent des précieux conseils pour mener à bien la gestion de leurs premières ruches ;
- Les apiculteurs pluriactifs apprennent à se perfectionner et à développer leur cheptel ;
- Les professionnels peuvent se former sur une technique particulière (élevage des reines par picking, par exemple).
Ces formations s’effectuent en petits groupes de travail, dans une ambiance conviviale et avec des intervenants chevronnés. Grâce aux ateliers pratiques et aux nombreux échanges entre participants, vous progresserez rapidement !
Bon à savoir !
Les ruchers-écoles sont souvent à l’initiative des associations apicoles ou des syndicats nationaux. Vous pouvez vous renseigner auprès de l’UNAF (Union nationale de l’apiculture française).
La force du réseau des apiculteurs et de la transmission du savoir
En rejoignant le mouvement des apiculteurs, vous intégrez un réseau fort de 71 273 apiculteurs, ce chiffre est d’ailleurs en hausse de 14 % par rapport à 2019 (1). Vous n’êtes donc pas seul face à vos questions, à condition de prendre le temps de créer ce lien avec les autres ! Mais, comment y parvenir ?
Allez à la rencontre des apiculteurs proches de chez vous. C’est d’ailleurs une excellente façon d’œuvrer en toute intelligence en vous évitant une concurrence directe et en vous partageant le secteur. Actuellement, la production de miel en France est largement inférieure à la consommation, et donc une grosse quantité de produits est importée depuis les 4 coins du globe ! L’apiculture a besoin de vous pour redorer le blason de la production locale !
Inscrivez-vous auprès d’une association ou d’un syndicat apicole. Vous aurez ainsi accès à de nombreux services (assurances, formations, groupements d’achat, etc.), à des revues spécialisées et à des conseils d’expert !
Les règles à connaître avant de vous lancer

Bientôt, vous produirez votre propre miel que vous pourrez fièrement faire goûter à votre famille et à vos amis ! Mais pour l’heure, quelques démarches sont à entreprendre en amont :
- Vous devez respecter les règles de sécurité et le Code Rural. Par exemple, vos ruches ne doivent pas être placées à moins de 20 m de la voie publique et des propriétés voisines ou à moins de 100 m d’un établissement scolaire ou hospitalier. Ces obligations sont variables localement, renseignez-vous auprès de votre préfecture ! ;
- L’emplacement de vos ruches doit être à proximité de ressources en eau et en nourriture. Plantez des fleurs mellifères autour de vous et mettez un abreuvoir s’il n’y a pas de point d’eau naturel à proximité ;
- Il doit être préparé au préalable, désherbé et accessible. Imaginez-vous dans quelques mois avec une brouette pour déplacer vos hausses pleines de miel ;
- Réfléchissez bien à l’emplacement exact de votre ruche, son orientation au soleil, son exposition au vent, le dégagement devant pour faciliter décollages et atterrissages ;
- Protégez votre dos ! Surélevez votre ruche pour augmenter le confort lors des visites. Cela permettra aussi de réduire l’exposition des abeilles à l’humidité en hiver ;
- Peu importe le type de ruche en bois (Dadant, Langstroth, Voirnot, etc.) que vous offrez, celle-ci nécessite d’être protégée contre les intempéries. Afin de ne pas perturber vos abeilles, optez pour une peinture « spéciale ruche » (de type huile de lin ou peinture écologique) ou pour une cire ;
- Enfin, dans un lieu propre et sec, cirez vos cadres de corps de ruche et de hausse. Pensez à l’aménagement de ce petit atelier pour stocker et entretenir votre matériel.
Attention !
Votre ruche doit obligatoirement être déclarée. Vous pouvez effectuer cette démarche directement en ligne depuis le site suivant : http://www.mesdemarches.agriculture.gouv.fr. Le formulaire Cerfa 13995 se remplit en 3 minutes seulement !
La commande d’un essaim pour peupler votre nouvelle ruche
Même si la saison apicole ne commencera véritablement qu’à la fin de la période d’hivernage, mieux vaut vous y prendre à l’avance pour récupérer votre premier essaim. En effet, à partir du mois d’avril, les commandes seront prises d’assaut ! L’idéal est donc d’effectuer votre réservation en hiver pour obtenir votre essaim (bientôt disponible) au début du printemps.
Un paquet d’abeilles de bonne qualité comporte généralement une jeune reine fécondée et 1 à 2 kg de jeunes ouvrières, mais pas de mâles (faux bourdons). La colonie est livrée dans une ruchette de transport grillagé. Parfois, la reine est encagée au centre.
Quelle race d’abeilles choisir ?
Votre choix d’abeilles est stratégique, il doit être fait en adéquation avec les conditions climatiques et environnementales de votre région. Pour vous aider, MaMiellerie vous a préparé un tableau qui recense les avantages et les inconvénients des principales races européennes d’Apis meliffera.
Race de l’abeille | Spécificités | Avantages | Inconvénients |
Apis mellifera mellifera Linné ou « abeille noire ». | De taille moyenne à grande, c’est une abeille velue de couleur foncée et pourvue d’une langue courte (5,7 à 6,4 mm). | Peu essaimeuse ; Résistante au froid ; Développement rapide de la colonie. | Parfois agressive ; Risque plus important de dérive ; Sensible aux maladies du couvain ; Rendement moyen de production de miel. |
Apis mellifera carnica Pollmann ou « abeille carniolienne ». | Également foncée et velue, cette abeille de grande taille a une langue plus longue qui lui permet de butiner des fleurs profondes. | Abeille douce ; Résistante au froid ; Peu sensible aux maladies du couvain ; Développement rapide de la colonie. | Tendance élevée à l’essaimage ; Sensible à la nosémose et à l’acariose. |
Apis mellifera caucasica Gorbatchev ou « abeille caucasienne » | De couleur gris foncé avec des poils noirs sur le thorax, cette grande abeille a une très longue langue (> 7 mm). | Abeille douce ; Résistante à l’hiver ; Peu essaimeuse. | Sensible à la nosémose et à l’acariose ; Développement plus lent de la colonie. |
Apis mellifera ligustica Spinola ou « abeille italienne » | Sa taille est moyenne et sa coloration cuivrée avec des bandes jaunes sur l’abdomen. Sa langue est assez longue (de 6.3 à 6.7 mm). | Abeille particulièrement douce ; peu de risque d’essaimage ; Élevage de reines facile à réaliser ; Développement rapide de la colonie. | Sensible au pillage ; Produit beaucoup de couvain ; Conserve une forte population lors de l’hivernage (consommation élevée de ressources). |
Abeille Buckfast (ou « abeille frère Adam »), née du croisement de l’abeille noire et de l’abeille italienne | Sa taille est très variable (de petite à très grande), sa couleur est majoritairement grise avec plusieurs bandes jaunes. Sa langue est assez longue (6,3 mm). | Abeille très douce ; Excellente butineuse ; Très résistante au froid et à certaines maladies ; Essaime très peu. | Conserve une forte population lors de l’hivernage (consommation élevée de ressources) ; Propolise beaucoup ; S’adapte difficilement aux récoltes de printemps. |
Bon à savoir !
De plus en plus d’apiculteurs jettent leur dévolu sur des abeilles naturellement résistantes contre les attaques de varroas ou de frelons asiatiques, comme l’Apis Cerana (abeille dite « VSH »).
(1) Source DGAL (Direction générale du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation), données de 2020.